Sunday, March 25, 2007

L'argent de poche

On dit que lorsque le lundi est fou-fou, le restant de la semaine est plus mollo. C'est un peu comme ça que je conçois l'éducation. Travailler fort quand les enfants sont petits et récolter les bénéfices plus tard. Loin de moi l'idée de faire ma fraîche pet ici, mais je pense que j'ai fait une fichue de bonne job de mère :-) Comme enseignante, j'étais pas si pire non plus!

Premier sujet donc de cette chronique du lundi: l'argent de poche. Quelques questions nous viennent rapidement à l'esprit quand on parle de donner une allocation aux enfants.

Est-ce une bonne idée de donner de l'argent de poche aux enfants? Je crois que oui. On apprend à gérer son argent qui si on en a. Je pense qu'au moment où les enfants entrent «à la grande école» est un bon moment pour débuter. Il est inutile d'attendre que la notion d'argent leur tombe des nues, ni d'espérer que les enfants soient de bons consommateurs de facto. Les petits consomment déjà même avant d'aller à l'école et le font rarement bien. Au fond, si on achète de façon impulsive à 6 ans, on peut se reprendre. On peut aussi acheter des bébelles qui se brisent après 2 minutes, pleurer tout son saoûl et tout oublier. Ou plutôt, ne pas oublier, s'en rappeller quand vient le moment d'acheter un autre truc de mauvaise qualité. C'est en expérimentant qu'on apprend le mieux. Trop d'adultes n'ont pas fait ces expériences et en paient le prix par la suite. Donner de l'argent de poche signifie souvent, au début du moins, laisser les enfants «gaspiller» leur argent et en discuter brièvement par la suite. Rien de mieux que la vraie vie pour les vrais apprentissages.

Faut-il demander quelque chose en échange de l'allocation? Non, surtout pas. Si les tâches -quelles qu'elles soient- deviennent monnayables, on ne s'en sort pas. Même les extras. L'argent de poche est un moyen d'apprendre, pas un salaire. On peut en cas de situation extrême s'en servir comme moyen de punition (si c'est exceptionnel), car ça demeure un privilège. Et un privilège ça peut se perdre lorsque la situation le requiert. Évitez le chantage toutefois, ça fait perdre l'intérêt envers la gestion de l'argent (tant pis pour l'argent, j'aime mieux faire à ma tête, et là, on entre dans un jeu interminablement lassant, pour tous).

Quel montant d'argent devrait-on donner aux enfants? Ça dépend de plusieurs facteurs: l'âge, les besoins, les ressources disponibles. Il y quelques années, j'ai eu une augmentation de salaire substantielle; les enfants ont eu une augmentation également, ça a été la fête pour tout le monde! Et tout ça s'évalue, se discute avec les enfants.

À quelle fréquence? L'important si l'on veut donner aux enfants la chance de faire un budget (oui, oui, ça se peut), de prévoir des achats plus importants, c'est la régularité, la prévisibilité. En ce qui me concerne, ça correspond avec le moment où je reçois ma paye. Le jeudi, aux 2 semaines, c'est la distribution de l'allocation. Et c'est moi qui s'en occupe. Ça n'appartient pas aux enfants de venir me le rappeller. Je donne l'exemple de la fiabilité, c'est important...

Les enfants peuvent-ils apprendre à acheter intelligemment? Que oui! Lorsqu'il s'agit de leur argent, mes filles prennent le temps d'analyser leur besoin (est-ce que j'en ai envie ou si j'en ai besoin?), elles vérifient les prix et la qualité. En fait pour que l'expérience de l'argent de poche soit satisfaisante, il faut en parler. Il faut expliquer les taxes, les frais afférents, les techniques de marketing (souvent agressives) et encourager l'épargne (en ouvrant un compte à la caisse ou à la banque et en leur procurant une carte de guichet automatique; faut vivre de son temps!). Ma prochaine expérience avec mes filles: gérer son argent avec Internet et dans quelques années, les cartes de crédit. Ouf, on n'est pas sorti de l'auberge, ben quoi, c'est ça la vie!

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