Monday, April 06, 2009

Ces jeunes-là...

Je n'aime pas quand on parle négativement d'une collectivité, c'est contre mes principes. Surtout quand on vise "les jeunes". Qu'on dise qu'ils ne sont pas aussi cultivés, pas aussi instruits, pas aussi persévérants, pas aussi débrouillards, pas aussi -enfin, vous me suivez?- que dans "notre temps" me rend zinzin. La nostalgie chronique, la vision romantique du passé me tannent tellement (encore plus suite à la lecture de textes de Mme Marisa Zavalloni). Ce n'était pas mieux dans "notre temps", c'était différent et si on avait à y retourner, bien des choses nous reviendraient à l'esprit et on verrait bien que finalement, "aujourd'hui" n'est pas si mal, au contraire.

Ça c'est mon discours courant en ce qui concerne les jeunes. Je le crie haut et fort et j'en suis persuadée. Oui, oui, je sais, il y a des mauvais garçons, des filles de petite vertu, des ados rebelles, des décrocheurs, des jeunes adultes pas trop trop responsables (comme dans "notre temps, hein?).

Les jeunes vivent dans un monde différent, radicalement différent de celui dans lequel on a grandi. Ils ont la culture de leur monde, ils savent les choses de leur temps, ils s'investissent dans les projets auxquels ils croient, ils règlent leurs problèmes en lien avec leur monde, ils sont de "leur temps" quoi! Et puis, oui, rendus à l'âge adulte, ils feront comme leurs parents. et radoteront que dans "leur temps".. ;-) Mais en attendant, il faut que les parents, les adultes qui les entourent s'intéressent à eux afin de mieux comprendre comment ils procèdent. Et c'est fascinant.

Faut que je vous raconte...Ma fille de 13 ans a un iPod touch, un gadget sophistiqué (oui, oui, dispendieux) mais qu'elle utilise chaque jour (un investissement, donc ;-). Elle n'a pas d'ordi à elle proprement dit, mais son iPod en est un en soi.

Dimanche, elle revient de chez son père et avait oublié ses clés. Naturellement, pauvre poulette on était parti à la rescousse de la plus vieille qui elle avait des pépins avec ma voiture. Comment pensez-vous qu'elle allait régler son problème? Oui, aller chez qqun en attendant est la solution toute rêvée. Elle pense à sa copine qui habite à qq rues d'ici. Comme elle n'a pas de téléphone, elle se dit qu'elle peut utiliser le réseau sans fil de la maison (assez puissant pour qu'elle puisse se brancher de l'extérieur) et voir si ladite copine est en ligne avant de se rendre chez elle.

Nous sommes revenus avant qu'elle n'aille plus loin dans sa résolution de problème. Dites-moi, est-ce là une ado sans culture, sans instruction, sans persévérance, sans débrouillardise? Eh bien non, c'est une ado de son temps qui a la chance (que dis-je? le bonheur!) d'avoir des parents qui la considère telle qu'elle est: une bibitte numérique! Je l'ai félicitée de sa débrouillardise et de l'ingéniosité de sa solution. Je n'y aurais jamais pensé, moi qui suis accroc aux technologies. Les jeunes sont différents, ils sont chouettes, ils sont qui ils sont, voilà tout.

Tiens, une autre anecdote numérique.

La même cocotte a le vague à l'âme. Sa mère (c'est moi, ça) est très portée sur la discussion dans ce genre de situation. Mais des fois, on a juste le goût de dire que ça va moyen, on n'a pas nécessairement envie d'en parler, là, là. Eh bien un soir, tard, devant la télé, le portable sur les genoux, je prends mes courriels et je me rends compte que ma belle de 13 ans m'a envoyé un courriel de son iPod juste avant d'aller dormir m'informant de son état d'âme et préférant qu'on en discute plus tard.

Première réaction de mère pas bibitte numérique -enfin pas assez comparativement à elle-? Ben coudons, elle aurait pu venir m'en parler au lieu de passer par Internet, non mais oh. Elle est quand même juste au 2e étage, m'enfin quoi...

Deuxième réaction (qq secondes après la première)? Ah ben, coudons, ma fille, petite bibitte numérique, utilise un outil que je lui ai fourni pour communiquer de façon appropriée (selon son âge, sa culture, "son temps"). Devinez ce que j'ai fait? Oui, oui, je lui ai envoyé un courriel. Je lui ai dit de venir me rejoindre dans mon lit, à son réveil et qu'on pouvait en jaser, si le coeur lui en disait. Une belle conversation qu'on a eue. Reposées, qu'on était. Heureuses aussi, malgré le sérieux de l'état d'âme.

Les jeunes sont des petites pestes si on ne les écoute pas. Quand on tend l'oreille, qu'on écoute pour vrai, qu'on se retient d'y aller de nos réflexes "de notre temps", on réalise à quel point nos jeunes sont fantastiques, autant qu'on l'était à leur âge, finalement!

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